« Derrière l’île-des-Yeux, on distingue des déferlantes de vagues qui frangent les effleurements de Noirmouton. Derrière cette zone de navigation dangereuse, les marais de VendEAU se cachent dans la brume côtière. Plus au nord, le sol s’affermit : la presque-île de Retz et l’île de Guérand sont comme échouées au cœur du delta. […]
Nous naviguons à distance respectueuse de Sous-Nazaire. Hormis quelques squelettes de béton qui dressent leurs arrêtes émoussées, tout semble avoir été arasé, soufflé. Des risées d’air sifflent des nappes de sons dans la vîlle endormie… Nous nous engageons dans l’EXtuaire. La tension est palpable. Elle suinte dans nos combinaisons intégrales.
À bâbord, la rive s’éloigne et laisse place aux terraquées. L’hypnose de ce paysage aquanébuleux agit sur tout l’équipage. Notre trajectoire est bonne. Nous profitons d’une courte accalmie de vent pour empanner à distance respectable de la rive gauche. À partir de là, il nous faudra louvoyer le long de cette rive, en restant à distance de Dongeureux. »
La Chronique de l’Aloire est l’une des escales du projet MiliEAUX~ Chronique des eaux associant fiction et réalité des milieux aquatiques. Chronique de l’Aloire s’appuie sur une méthode d’exploration et un moment de cartographie critique et d’écriture à plusieurs mains, qui constituent la matière de lectures-performances immersives.
La Chronique de l’Aloire est le fruit d’une collaboration avec Alec Boivin, Claire Mélot et Julien Fleurance.
S’inspirer des MiliEAUX, de l’eau comme milieu et biotope dans des zones urbaines, industrielles et naturelles inondées, c’est regarder autrement les étendues d’eau et se rendre étranger au territoire de la Loire que nous croyons connaître.
Si l’eau venait à monter [+5,4m en 2100, rapport du GIEC], à quoi ressembleraient les rivières d’Europe ? À quoi ressemblerait la vie dans un paysage et un biotope d’eau et de terre : un miliEAU ?
« En EAUrope, la submersion des terres a particulièrement touché l’embouchure des fleuves de la Côtàtlantique et a provoqué une complète reconfiguration de ces miliEAUX. Le delta de l’Aloire est à ce titre exemplaire. Des îles du littoral, tous les marais-salan et de grandes zones marécageuses à fleur d’eau connurent des raz-de-marrée successifs et une progressive montée du niveau moyen de l’océan. Les zEAUnes se reconfigurèrent intégralement : le port en eau profonde de Sous-Nazaire fut presque intégralement submergé alors que Nantîle, calfeutrée derrière ses Grandécluses, se refaisaient un nom dans le commerce e-colonial. Ce·lleux des habitant·es qui ne purent trouver refuge dans la Smart-citîle s’adaptèrent aux terraquées, créant havres d’accueil et zones de marée-chage ou rejoignant la communauté pirate du pont Chaviré. »
Lectures-performances
Deux présentations publiques de la Chronique de l’Aloire ont eu lieu les 29 et 30 octobre 2022 au Château des Ducs de Bretagne et dans le cadre du festival international de science-fiction Utopiales.
Le samedi 29, Sophie Huguet a accompagné la lecture-performance d’improvisations musicales au violoncelle.
PODCAST
Le podcast de la Chronique de l’Aloire sera bientôt accessible ici en écoute libre!
~
Chronique de l’Aloire a été réalisée dans le cadre du projet MiliEAUX | WassERde de juin à septembre 2022.
Le projet MiliEAUX et soutenu par :
Das Projekt WassERde ist gefördert von: